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le torchis et les murs

Le torchis assemble divers sujets : la géologie régionale, une  histoire longue, un matériau très bon isolant thermique et acoustique, biodégradable, à la faible empreinte carbone, un lien avec d'autres cultures,..

La géologie

Après la longue période de plus de 50 Ma du Crétacé et la fin de l'ère Mésozoïque, commence l'ère Cénozoïque (-66,0 Ma à en cours).

Sur ses périodes du Paléogène puis du Néogène (ex. ère tertiaire, -66,0 Ma à 2,58 Ma), le nord de la région continue de s'enfoncer, et la mer l'envahit à plusieurs reprises, et y dépose sables et argiles, particulièrement sur les futures Flandres : la clite ou argile des Flandres.)

L'Artois est à nouveau soulevé, et la ligne Lille Calais, qui sera longtemps rivage marin de sable, marque la distinction Bassin parisien et Bassin anglo-flamand.

Dès 35 Ma, sur le région émergée, le climat change et préfigure les glaciations à venir du Quaternaire.

lœss et paysage, écoute des Cailles des blés et des Bergeronettes printanières, éric

la période quaternaire,
-2,58 Ma à en cours

L'alternance de glaciations (90 000 ans en moyenne) et d'interglaciaires (15 000 ans) caractérise la période, et quatre cycles majeurs s'y déroulent sur la région, avec des glaciers répandus jusqu'au nord de la Belgique.

lœss, argile et sable

​C'est pendant la glaciation du Würm (115 000 à 117 000 ans avant le présent AP) qu' Homo sapiens apparait par vagues en Europe, et lors de l'Aurignacien (-43 000 à - 33 000 AP) pour la région. Jusque vers - 48 000 AP la région est peuplée des Néanderthaliens, comme l'Homme de Biache >> (site du Département) ​daté de - 175 00 AP.

Les premières traces de fabrication d’outils >> (site de l'INRAP) sont vers - 1,4 Ma en Europe de l’Ouest, et les plus anciens passages connus datent de - 700 000 ans.

La glaciation : extensions des placiers, paysages de steppes froides, baisse du niveau de la mer, et d'immenses quantités de poussières fines sont déposées par le vent dans la région : le lœss, à l'origine des terres agricoles et des terres des maisons.

L'interglaciaire : fonte des glaciers, élévation du niveau de la mer, et les rivières dessinent leurs vallées (Canche, Authie,..) et mettent en scène silex, argiles, ou lœss

Aux alentours de - 11 700 ans, la première glaciation se termine et fait entrer la région dans l'Holocène. Le niveau de la mer remonte de 120 m en 4 000 ans, pour un rivage qui n' eu de cesse d'évoluer depuis.

C'est lors d'un interglaciaire que le relief "chemin" de craie reliant Londres au Pas-de-Calais fut inondé il y a environ 450 000 ans par un lac de fonte des glaciers en Mer du Nord. Son affaissement créa l'ouverture du Détroit du Pas-de-Calais >> (youtube du PNR Caps et Marais d'Opale).

Les deux bords sont le Weald en Angleterre et le Boulonnais en région, ils montrent tous deux les calcaires du Crétacé, les couches du Jurassique, et en boutonnière du Boulonnais le socle Primaire apparait.. On ne va plus à Londres par ce chemin à pieds secs, on passe sous la craie du Channel.. "I'd like to be, under the sea.."

les maisons et les sols

Lœss typique des plateaux : 10 % de sable fin, 75 % de limon et 15 % d’argile :

  -> torchis, pigment minéral

Limon argileux des versants :

  -> torchis, pigment minéral

Terre à bief & argiles :

   -> tuiles et briques, pigment minéral

Céréales :

   -> foin ou paille du torchis.

Carrière de craie :

   -> murs pignons ou de refends, cheminées.

Champs :

   -> silex de soubassements ou de murs.

la marguerite, the ox-eye daisy, éric.jpeg
murs et torchis.jpeg

les murs et les torchis

La maison et la grange,

sur des façades de 2,5 m de haut et d'une largeur moyenne de 5 à 6 m,

sont à pans de bois d'orme et torchis sur soubassements (le "seulin")

de silex et de briques.

 

Le pignon nord est en briques anciennes

maçonnées de chaux et sables.

L'appentis ajouté ou remanié

est en parpaings.

Le pignon ouest de la grange

était en clin de chêne et sapin.

Les toitures en coyau

sont en pannes de type picard.

​​L'ossature en orme :

les sablières basses (les "seules"),les maîtres poteaux sous les fermes, les poteaux corniers et d'huisseries, les montants, les écharpes (les "biais"), puis les sablières hautes (les "pannes") sont en orme.

La charpente de la grange et une partie de celle de la maison sont en orme également.

Ces superbes assemblages de bois ont ce quelque chose de forestier, de solide, plus ou moins sinueux, aux couleurs claires et chaudes et presque parfumées..

Les lattes à torchis :

les lattes sont ou étaient de branches de tilleul ou de noisetier, fendues en deux ou non, certaines en lattes de sapin. La plupart sont cloués à l'horizontale sur les poteaux, montants et écharpes, certaines liées avec de la ficelle. Le tressage de lattes comme dans les Flandres avec le Saule n'a pas été pas utilisé, ni celui du barreaudage entre poteaux.

Posées à l'extérieur pour la grange, elles sont des deux côtés pour la maison.

Le colombage en torchis :

la plupart des murs torchis intérieur et extérieur étaient abîmés, tombés ou dissimulés, avaient pris l'eau.

À ces stades, il m'a été important d'observer les matériaux, de s'en inspirer, de faire lien avec leurs "paysages" et habitudes d'époque, de lire le lieu :

- pour le torchis : pailles de seigle et de blé long, foin, argile ocrée, limon et lœss. Les torches d'époque dépassent de 2 à 4 cm du lattis, et les murs doubles lattis sont emplis d'un mélange terre paille. Les poteaux corniers et d'huisseries et les sablières ne sont pas recouvertes de torchis et d'enduits.

- pour les enduits : sons de seigle et blé, petites pailles, crins, chaux et argile. 

Les murs sauvegardés sont le reflet d'un beau et solide travail d'époque ; d'un ouvrage de bois, de céréales,

de chaux et de terres ; d'un délicieux à peu près..

Les enduits et badigeons :

Quelques uns existaient encore : intérieur, extérieur, murs épargnés ou à l'abri :

- enduits de terre, chaux aérienne et sable et petites pailles,

- badigeons de lait de chaux : blanc pimpant, rosé ou bleu ciel pâle, ocrés subtils,

Ces teintes semblent presque venues d'un nuancier précieux de voyage, d'un livre modeste à lire où les lumières aiment jouer sur les ondulations des murs irréguliers et les sablières courbes.

foin et limon argileux.jpeg
grasses for hay.jpeg

La restauration :

​l'ossature : étouffé par le ciment et ayant pris l'eau, certaines sablières d'orme ont été remplacées par d'autres récupérées, en orme ou en chêne, et retrouvant là une seconde vie.

Dans les mêmes états, des bas de poteaux d'huisseries et de montants ont été changés et assemblés à leurs hauts encore en excellent état.

Les murs gouttereaux à l'ombre côté est avaient le plus soufferts. 

Les poteaux d'ouvertures de la grange ont tous été changés, en orme de récupération.

Ces nouveaux bois ont été assemblés en tenon et mortaise ou aux tirefonds. 

​les lattes du colombage: pour les murs écroulés et ceux remis sains, toutes les lattes ont été changées en baguettes entières de noisetier et tilleul du jardin et du boisé, clouées, intérieur et extérieur.

De nombreuses anciennes lattes ont été gardées précieusement pour l'histoire de la maison.. Elles serviront en décoration : fresque, étagère, socle de sculptures..

​les torchis: les anciens torchis précieusement mis de côté, ont été réutilisés pour les nouveaux murs. La roche se recycle à l'infini.

Un torchis ancien se retrouve à la même place, ou trouve un endroit clin  d'œil.

Torchis de lattis et torchis de remplissage ont été ou sont faits, 

avec du foin coupé et séché au jardin, de l'argile et du limon du jardin et de la grange (son sol trop haut est décaissé au fur et à mesure des travaux, sans affouiller le fond, des anciens torchis.

Sur les lattis neufs ou anciens :

des torches de 20 à 30 cm de long, de 4 à 5 cm d'épaisseur, posées à cheval sur les lattes, bien serrées au fil du travail, du bas en haut, sur un dépassement de 3 cm des lattes, en s'inspirant de l'existant.

Sur les torchis anciens sains :

ils sont mouillés la veille, puis remouillés avant et pendant les travaux avec de l'eau de pluie et ou une barbotine d'argile : des petites torches sont projetées puis étalées.

Certains murs été striés, d'autres seront piquetés avant enduits.

Un chanfrein est fait le long des pièces de bois, pour un meilleure accroche des enduits.

​les enduits de torchis: sables, terre, fibres courtes, plus chaux aérienne. Ils seront appliqués sur tous les murs. Le torchis laissé brut est vulnérable à la pluie.

Avec les torchis, l'enduit isole et conserve la maison fraîche l'été ou chaude l'hiver.

Les enduits sont préparés la veille.

Ils seront posés en deux couches :

- couche 1 : 

3 volumes d' "enduit d'argile" de Dewulf,

1 volume de chaux NHL2 "Terechaux" de St Astier,

remouiller le torchis, appliquer un lait de chaux (1 volume de chaux aérienne NHL2, 2 volume d'eau), puis en commençant par les côtés et les chanfreins, l'enduit est projeté à la truelle en 1,5 cm d'épaisseur, bien serré, puis légèrement gratté à la truelle ou la brosse raide quand il commence à sécher pour laisser une surface rugueuse.

Une semaine de séchage est nécessaire.

- couche 2 :

4 volumes d' "enduit d'argile" de Dewulf,

1 volume de chaux NHL2 "Terechaux" de St Astier,

la couche 1 est remouillée, et la couche 2 projetée à la truelle, bien serrée, et lissée à la lisseuse en inox quand elle commence à sécher.

La briqueterie Dewulf >>

Les chaux Saint-Astier >>

 

Certains murs intérieurs seront décorés à fleur d'enduit de végétaux >> secs : détails de feuille de fougère, d'Aubépine, de rosiers, de Tilleul, d'épis de graminées,..

​les badigeons : certains murs seront badigeonnés en lait de chaux aérienne, blancs, bleu ciel pâle, avec des pigments maison de plantes : Pastel (Isatis tinctoria), Choux rouge.

Des essais en cours avec cendres de bois pour le gris, poussière d'argile pour l'ocre. 

les gobetis et enduits de chaux hydraulique : sur les murs de parpaings ajoutés existants,

gobetis puis enduits de chaux >> sont appliqués, en couleur identique des torchis.

Un torchis sur lattis avec vide d'air  été posé sur un de ces murs.

herbier avec le gobetis.jpeg

toits et ouvertures

Les toitures en coyau sont en pannes de type picard, 

pannes gauches et droites. Les faitières (les "caprons") sont courbes et à raccords.

Les toits n'ont pas de lucarnes (les "belvouésines")

Des chevrons et lattes seront changées et les tuiles de bord vissées.

Certaines pannes sont estampillées.

 

coyau et pannes
pannes, lettres et chiffres.jpeg
et la lecture de "Maisons picardes" de Sylvie-Denis Dazin

une bibliographie

Sylvie Denis-Dazin"Maisons picardes" >>, Cerex, ou Picardie information, 1975, 98 p.

Livre ancien.

Michel Dewulf, "le torchis, mode d'emploi" >>, Chantier pratiques, Eyrolles, 2015, 88 p

​Parc Naturel Régional des Caps et Marais d'Opale,

"guide technique" >>, "l'essentiel pour entretenir le bâti à pans de bois torchis", 2016, 15 p, pdf

Pas-de-Calais, site du Département, Patrimoines

"Le torchis, matériau d'hier et de demain" >>

Briqueterie Dewulf, "explications terre crue" >>

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